
Via l’étude de 7 rapports de 2024 que nous nous sommes procurés auprès de la DIMENC, nous avons eu accès à l’actualité récente de la berme de KO2. Voici ce que nous avons retenu.
Quelques rappels d’abord…
Le parc à résidus « KO2 »(1) de l’usine hydrométallurgique du Sud est au cœur de nombreuses préoccupations de sécurité.
Construite entre 2006 et 2016, la berme qui ferme la vallée de la Kwé Ouest, autorisée en ICPE le 9 octobre 2008, présente des dimensions impressionnantes :
• Longueur de 1,325 km, hauteur de 60 mètres, fermant un bassin de 130 hectares.
• Constituée de 7,8 millions de m³ de remblais et de latérites sur une géomembrane de 2 mm d’épaisseur.
• Équipée de trois drains de pied munis de débitmètres et de conductimètres.
Ces caractéristiques « hors normes » font qu’elle est classée « A » selon le haut comité français des barrages (cf normes définies par le décret de 2007 relatif à la sécurité des ouvrages hydrauliques ; la catégorie A correspond à la catégorie des ouvrages les plus importants).
Il est sous la responsabilité des services provinciaux 3DT et DIMENC.
Sa capacité maximale est de 45 millions de m³ de résidus solides humides accompagnés de surnageant liquide et d’eaux de pluie. Actuellement, elle contient environ 32,5 millions de m³, soit un taux de remplissage de 82 %.
La durée de vie du parc à résidus est estimée à 2 ans sans Lucy (projet destiné à compresser et assécher les résidus), et à juin 2035 avec Lucy et ce pour une capacité totale de 45 Mm3.
Nous avons identifié des conflits d’intérêts potentiellement préjudiciables à la sécurité de l’installation: la province est actionnaire de l’usine mais détient seule les pouvoirs de contrôle et de police, tandis que l’industriel réalise son auto-surveillance (de quoi s’interroger sur l'objectivité du suivi ?).
Par ailleurs, une expertise (MECATER 2020)(2) a recommandé la consolidation de la berme avant 2022, en raison de risques de liquéfaction lors de séismes ( / non respect des normes ANCOLD) (3).
Or depuis 2022, on enregistre un tassement de l’ouvrage et des glissements centimétriques ainsi que plusieurs anomalies de débit et de conductivité qui signent l’infiltration de surnageant dans la berme.
En septembre 2024, le débit d’infiltration mesuré oscillait entre 7 et 14 m³/h, phénomène confirmé par un test de traçage à la fluorescéine.
Evidemment, l’infiltration de ces liquides est très préjudiciable à la stabilité de la berme (on lit par exemple que « La zone 1A est fragilisée »…

Des prescriptions ont été émises.
Outre le test à la fluorescéine déjà réalisé, une inspection physique (par plongeurs) de la partie noyée est prescrite sous 4 mois (prévue en février 2025). NB : EPLP s’informera des résultats en temps et en heure.
L’industriel déposera des résidus en rive droite dans les plus brefs délais et étudiera en détail un pompage interne provisoire (2 mois).
Le niveau de surnageant, doit être abaissé à 700 000 m3. NB : on est à 1.4 – 1.7 Mm3 en janvier 2025…
Le projet Lucy 2.0 à 50 milliards « généreusement » laissés par VALE NC à la cession à PR NC en 2022, devait prolonger la durée de vie de la berme jusqu’en 2035 et produire des galettes asséchées utilisées pour la consolidation de la berme.
Cependant, l’usine Lucy est à l’arrêt faute de financements, et son démarrage est reporté à janvier 2026. Mais où est l’argent ?! Qui va financer ? De quoi refreiner les ardeurs d’un potentiel repreneur !
La berme de KO2 présente, on le voit, des enjeux de sécurité significatifs. Il est crucial d’en assurer une surveillance rigoureuse et de trouver des solutions viables pour la gestion des résidus. Les autorités, ainsi que l'industriel, doivent répondre aux préoccupations des habitants en fournissant des informations transparentes et des plans d'action clairs.
NB : EPLP s’échine à demander la réunion d’un CICS / CLI dédié mais l’exécutif provincial Sud regarde ailleurs…
EPLP met en garde…
En cas d’abandon du site, le suivi du barrage sera-t-il assuré ?
Par qui ?
Pour combien de temps ?
Avec quels financements ?
N’oubliez jamais que ce barrage est là POUR TOUJOURS !
Ce dossier témoigne de l’urgence d’une mobilisation concertée entre les autorités, les industriels et la société civile pour assurer la pérennité de cette infrastructure critique et, n’en doutons pas, éviter d’autres « erreurs manifestes d’appréciation».
La population attend des garanties formelles et des actions transparentes pour protéger l’environnement et la sécurité publique.
Pour EPLP, Martine Cornaille
(1) Le process industriel de l’usine hydrométallurgique du Sud, initialement dédiée à l’affinage du nickel et du cobalt par lixiviation acide à chaud sous pression, produit des résidus solides humides stockés dans le parc à résidus derrière la berme, et des effluents liquides évacués par le «grand tuyau » jusqu’au diffuseur du canal de la Havannah.
(2) On a lu par exemple:
« La berme a été construite dans un talweg présentant une assise immédiate fortement déformable.»
«Compte tenu du contexte géotechnique du site, le mécanisme de rupture principal pouvant affecter la stabilité de la berme est la rupture profonde affectant l’assise de la berme.»
« Les matériaux constitutifs de la fondation de la berme présentent un potentiel de liquéfaction acceptable sauf les colluvions de surface situées en aval de la berme.»
« Nous estimons que les matériaux constituant les fondations de la berme KO2 sont peu sensibles à la liquéfaction. Toutefois il est indispensable de réaliser une appréciation plus précise de la liquéfaction.»
« La marge de sécurité vis-à-vis des sollicitations sismiques ne satisfait pas les exigences de l’ANCOLD 2012 ni celles de l’Eurocode 8… »
(3) ANCOLD = Australian National Committee On Large Dams
Aidez-nous à contrer la censure qui nous étouffe !
Likez ! Partagez !
Et si vous le pouvez, DONNEZ et / ou ADHEREZ (tarif à 500 F) !
A partir de notre site à https://ensemble-pour-la-planete.org/
ou via HelloAsso: https://www.helloasso.com/associations/eplp/formulaires/1
Merci d'avance à tous pour le soutien apporté...