Le commissaire enquêteur (1) délivre un avis favorable à la poursuite de l’exploitation de la centrale électrique accostée de la Société Le Nickel à Doniambo.Pour ce faire elle reprend sans recul nombre d’assertions fallacieuses de l’industriels. Par exemple, cet équipement s’inscrirait dans le schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC). S’agissant d’une centrale 100 % fossile, on est interloqué !
Elle fait sienne l’affirmation selon laquelle le gain environnemental en matière d’émissions atmosphériques serait le 30 %. C’est faux eu égard à l’augmentation de puissance de l’équipement (on passe de 160 MW pour la centrale B à 200 MW pour la centrale accostée).
Elle cautionne aussi l’emplacement de l’équipement qui ne présenterait que des avantages et tant pis pour les habitants de l’agglomération nouméenne déjà fort impactés.
Enfin, elle met ses pas dans ceux de l’industriel pour rappeler le bilan de SCALAIR: aucun dépassement n’aurait été enregistré par l’ASQA. Nous rappelons que la centrale n’a jamais fonctionné à sa puissance nominale, que SCALAIR ne « suit » pas tous les polluants, et que la SLN finance cette structure…
Mais le dossier est tellement mal ficelé qu’elle est contrainte d’assortir son avis favorable de moult recommandations, notamment en matière de suivis environnementaux, de contrôle de l’état de la barge, de réglementation…
Elle reconnaît par ailleurs que les meilleures technologies disponibles ne sont pas respectées. Elles sont pourtant réglementaires.
Rien que ça ! Mais qu’importe !
Puis, de façon surprenante, elle prend à partie les associations environnementales leur demandant de s’inscrire dans la co construction et pas dans l’opposition. Elle pousse le bouchon jusqu’à leur enjoindre de « formuler des propositions concrètes et techniquement étayées afin de contribuer à une amélioration continue des pratiques ». Ben oui, mais outre qu’on ne l’a pas attendue pour cela (2), on attend qu’elle précise quels moyens leur sont alloués pour ce faire ?
Cette enquête publique est un exemple caricatural de manipulation de la population. Elle n’est évidemment pas de nature à réconcilier les Calédoniens avec leurs élus qui dénaturent à ce point la participation citoyenne.
Quelques développements…
Nous savions que cette enquête publique serait une grossière gesticulation. Nous ne sommes pas déçus !
En effet le rapport du commissaire enquêteurs s’ouvre sur la perle des perles avec ce considérant : « le projet s’inscrit dans le cadre du schéma de transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC 2.0) qui prévoit une évolution progressive vers un mix énergétique plus durable » (*).
La centrale accosté étant alimentée au fioul, on est confondu ! Où est donc la transition vers un mix énergétique plus décarbonée ? Le foutage de gueule est intégral.
Au-delà de ce monument, le commissaire enquêteurs, relève:
- « certaines limites identifiées (mesures des PM de cinq, suivi du NH3, état structurel de la barge, entre autres) »
- « un contexte réglementaire, partiellement lacunaire »
- « les mesures environnementales doivent encore être consolidées, notamment pour la surveillance des émissions de particules fines PM2.5, d’ammoniaque NH3 et de la température des rejets en mer »
- « la conformité aux meilleures technologies disponibles reste partielle sur plusieurs points
- « la centrale accostée doit faire l’objet d’une évaluation rigoureuse tant sur le plan environnemental que technique »…
Mais qu’importe ! Vient la conclusion que l’on attendait. « J’émets un avis favorable, accompagné de recommandations, visant à renforcer le suivi environnemental, la transparence des données, la sécurité technique de l’installation ainsi que la cohérence du projet avec les enjeux de la transition énergétique». Rien que ça !
NB: s’agissant de la cohérence du projet avec les enjeux de la transition énergétique, la dame enquêtrice dit tout et son contraire, voir son affirmation ci-dessus, marquée d’un astérisque.
Dans le détail nous notons avec aigreur que le commissaire enquêteur parle, comme la SLN, d’urgence, alors que le projet de remplacement de la centrale B date de 2007. Sans surprise, Pinocchio de service, elle met ses pas dans ceux de la SLN qui se voit ainsi dédouanée de ses responsabilités.
La dame affirme encore que « la centrale accostée constitue une étape transitoire, cohérente avec les objectifs du STENC 2.0 et apporte un gain environnemental notable ». Nous rétorquons que, d’une part, par nature, une centrale à fioul ne peut pas s’inscrire dans le STENC, que, d’autre part, sans recul, elle reprend à son compte les fausses affirmations de la SLN s’agissant du gain environnemental en terme de rejets atmosphériques. En effet, l’augmentation de puissance (on passe de 160 MW pour la centrale B à 200MW), « efface » ce gain supposé. Comme la SLN, elle occulte aussi totalement les nouveaux potentiels impacts marins liés aux rejets aqueux chauds et sursalés.
Bref, puisqu’il faut le dire, disons-le: la dame que l’on voulait indépendante est de parti pris ou incompétente, voire les deux ? (1)
Le site d’implantation ? Il est parfait ! Le commissaire enquêteur, ignore manifestement que Nouméa est le bassin majeur de population en Nouvelle-Calédonie, et que les Nouméens sous le vent de Doniambo sont aussi soumis à bien d’autres émissions atmosphériques polluantes. Alors, une installation polluante de plus ou de moins, qu’importe !
Elle ajoute sans rire que « la demande de la SLN montre une réflexion STRATEGIQUE pour répondre à une urgence, tout en planifiant une transition vers une solution plus durable». En termes de « stratégie », on a vu beaucoup, beaucoup mieux…
Plus loin encore, on lit : « bien que la solution ne soit pas entièrement décarbonée…». Mais Madame, une centrale à fuel n’est NULLEMENT décarbonée !
La SLN affirme que SCALAIR n’a pas relevé de dépassement. Nous indiquons que premièrement SCALAIR ne surveille pas tous les polluants, deuxièmement, que la centrale n’a jamais fonctionné à sa puissance nominale, troisièmement que la SLN est au conseil d’administration de SCALAIR et finance l’ASQA (pendant que la candidature d’EPLP a été rejetée 3 fois !)…
Par ailleurs, le commissaire enquêteur reconnaît que « les meilleures technologies disponibles ne sont pas respectées ». Elles sont pourtant réglementaires ! Mais qu’importe n’est-ce pas ?!
Elle ajoute qu’ « un plan de maintenance, incluant le suivi de la coque immergée à risque de corrosion est nécessaire ». Mais quoi, personne n’y a pensé à la SLN ?!
Terminons avec sa recommandation hallucinante à notre adresse : « les associations environnementales sont invitées à formuler des propositions concrètes et techniquement étayées afin de contribuer à une amélioration continue des pratiques dans un esprit de dialogue et de co construction plutôt qu’à une opposition systématique» (2). Il fallait oser nous invectiver, elle l’a fait !
Est-ce que la dame peut dans la foulée interpeller la SLN (et l’ensemble des acteurs économiques) ainsi que les pouvoirs publics pour qu’ils nous donnent les moyens financiers d’aller chercher les expertises indépendantes nécessaires pour ce faire ?
Décidément, on pensait avoir tout vu et tout entendu, mais c’était sans compter sur l’immense culot de la dame…
Quant à instaurer « l’indispensable dialogue, transparent et constant », entre associations et industriels, précisons que la SLN ayant systématiquement refusé de nous recevoir, nous nous sommes fatigués de quémander une audience à sa direction. Nous concernant, elle n'hésite donc pas à parler sans savoir...
Nous passons sous silence ses laïus censés témoigner de son engagement écologique. Personne ne peut y croire !
Enfin Madame, vous déplorez la faible participation à votre enquête. Nous vous répondons que son issue était pliée d’avance. Alors pourquoi prendre sur son temps de vie familiale ou de loisirs pour participer à cette mascarade ? Le bénévolat se perd et, convenez qu’avec des farces pareilles, on comprend bien pourquoi.
En conclusion le miracle n’a pas eu lieu. Nous n’en attendions certes pas, mais dans ce contexte « contraint » par la survie de la SLN, nous espérions de la part des acteurs, commissaire enquêteur et SLN en tête, de l’honnêteté.
Attente oh combien vaine et c’est aussi en cela que réside notre immense déception.
PS: on imagine les suites à venir ?
- la SLN va demander au gouvernement d’autoriser l’utilisation de fioul à haute teneur en soufre, moins cher. Et la SLN obtiendra gain de cause comme par le passé...
- la SLN va “peser” pour que la Nouvelle-Calédonie rachète la centrale accostée et lui consente un tarif de l’électricité “aux petits oignons”.
L’équipement annoncé comme « temporaire » va jouer l’incruste avec tous ses défauts !!!!
Calédoniens (et Zoreilles !), pour la SLN, jamais fini payer !
Pour EPLP, Martine CORNAILLE
(1) Le mode de désignation des commissaires enquêteurs en Nouvelle-Calédonie prive les citoyens de toute assurance concernant leurs compétences et leur indépendance : en lieu et place du Président du tribunal administratif dans l’hexagone, c’est ici l’exécutif qui instruit le dossier et délivre l’autorisation finale qui désigne le commissaire enquêteur (à sa main ?)…
(2) La dame a raté quelques épisodes. Rappelons-lui que depuis 2007 EPLP fait la promotion d’une centrale solaire thermodynamique et des STEP…
Aidez-nous à contrer la censure qui nous étouffe !
Likez ! Partagez !
Et si vous le pouvez, DONNEZ et / ou ADHEREZ (tarif à 500 F) !
A partir de notre site à https://ensemble-pour-la-planete.org/
ou via HelloAsso: https://www.helloasso.com/associations/eplp/formulaires/1
Merci d'avance à tous pour le soutien apporté...